Sommeil et fatigue

Episode 2 February 26, 2025 00:31:03
Sommeil et fatigue
Podcast Johnson & Johnson dédié au bien-être des patients MICI
Sommeil et fatigue

Feb 26 2025 | 00:31:03

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Episode Transcript

[00:00:09] Speaker A: Johnson & Johnson présente les podcasts Gastroenterologie. Les experts nous parlent des patients Mickey. Aujourd'hui, nous accueillons les docteurs Stéphanie Viennot et Guillaume Bonneau. [00:00:20] Speaker B: Bonjour Stéphanie. [00:00:21] Speaker A: Bonjour Guillaume. [00:00:22] Speaker B: Alors Stéphanie, on va parler un peu du problème de la fatigue dans les Mickey. Il a été mis en évidence que les patients estimaient manquer de temps d'échange avec leur gastro-entéologue pour discuter des sujets non médicamenteux autour de la maladie et notamment de la fatigue. Donc en fait, aborder la question de la fatigue en consultation participe vraiment à ce grand concept maintenant de prise en charge holistique qui est souhaité par les patients au-delà du médicament. La fatigue est un très bon exemple, car c'est un symptôme qui ne répond pas aux traitements médicamenteux, contrairement à des signes extra-digestifs particulaires par exemple. Donc en fait, c'est un autre mécanisme que ce qu'il y a habituellement dans les Mickey et auquel on est habitué à traiter avec des médicaments, et c'est aussi une autre problématique de la maladie. On verra notamment plus tard dans ces mécanismes ce concept d'inflammation de Bagrade, qui est un nouveau concept dont on n'avait pas tellement l'habitude d'entendre parler. Alors Stéphanie, en arrivant tout à l'heure, je t'ai dit que j'étais fatigué en ce moment, tu m'as dit comment tu vas ? Et qu'est-ce que je dois faire ? Je dois consulter, j'ai vraiment une fatigue chronique, qu'est-ce qui m'arrive ? [00:01:33] Speaker A: Alors on va essayer de voir ensemble si c'est nécessaire ou pas que tu consultes pour ta fatigue. Parce que concernant la fatigue finalement ce qui est important c'est de savoir de quoi on parle. Sur le plan médical, on définit souvent la fatigue anormale comme un état de fatigue dont on ne récupère pas avec le repos. Donc si finalement, ce matin, en te réveillant, après avoir fait une bonne nuit, tu étais déjà fatigué, là, peut-être qu'on va devoir creuser un peu le sujet. Si cela fait plus de 6 mois, on parlera alors de fatigue chronique. La fatigue chronique, ça peut être un symptôme de nombreuses maladies chroniques, et c'est ça qu'on va essayer de rechercher chez nos patients qui ont des maladies inflammatoires. La fatigue chronique, elle est augmentée par les exercices physiques modérés et réduits et elle peut altérer de manière substantielle le niveau des activités personnelles, professionnelles, sociales. C'est ça la définition du syndrome de fatigue chronique. Dans ces conditions, le malade perd au moins 50% de ses capacités antérieures. On peut voir apparaître, dans les situations de fatigue chronique, des malaises post-effort et c'est un symptôme assez caractéristique. En fait, ça correspond à un pic d'épuisement neuro-immunitaire qui est appelé crash énergétique. Ce malaise post-effort, il se manifeste par une aggravation de tous les symptômes dans l'heure ou dans les jours qui suivent une activité même minime. Donc ça peut être un épuisement intense et prolongé, des vertiges, l'incapacité de rester debout ou une grande faiblesse. Ce pic d'épuisement, il peut durer quelques heures, quelques jours, voire des mois. Et c'est ça qui est vraiment le plus pénible pour nos patients. La multiplication de ces malaises est inévitable lorsque le malade force pour effectuer les tâches de la vie quotidienne et ça aggrave durablement la maladie. Donc finalement, Guillaume, à l'inverse de toi, quand les patients ont une fatigue chronique et qu'ils font du sport, ils sont encore plus fatigués après. Alors que toi, finalement, quand tu vas faire du sport, ça te fait du bien. [00:03:21] Speaker B: C'est vrai. [00:03:22] Speaker A: Donc il y a aussi des symptômes qui sont associés à la fatigue et qu'il va falloir rechercher. Les troubles cognitifs, troubles de mémoire, troubles de concentration, différentes douleurs, des maux de gorge, des adénopathies, des arthralgies, des douleurs musculaires, des maux de tête, des troubles digestifs aussi comme l'intestin irritable qu'on connaît bien. Et puis il faut aussi rechercher ça quand on voit des vomissements chez les enfants ou chez les adolescents. Et enfin des syndromes génitourinaires comme le syndrome de la vessie irritable. Donc on va rechercher les signes de fatigue chronique, d'une part les symptômes, et d'autre part le fait que ça se manifeste dans la durée, et puis on va rechercher les symptômes associés. Et là, un avis médical est nécessaire, parce que si on ne récupère pas, il va falloir qu'on accompagne nos patients. [00:04:06] Speaker B: Ok, bon. Donc si j'ai bien compris, il faut que je me repose un petit peu d'abord. Alors, la problématique qu'on a en pratique, c'est que comment est-ce qu'on mesure cette fatigue ? Tu dis qu'il faut s'en occuper, que c'est important dans les maladies inflammatoires, mais est-ce qu'on a un outil pour la mesurer dans les MICI ? Alors moi, j'aime bien l'IBD-10. Toi, comment tu fais ? Et puis le cut-off de l'IBD-10, c'est 4 sur 10. Est-ce que si tu as 7 sur 10, tu vas déclarer que c'est une fatigue chronique et que tu vas mettre en branle la prise en charge qu'on va voir après ? [00:04:40] Speaker A: Alors, deux choses. La première, c'est que l'IBD-DISC, c'est un bon outil de dépistage. Ça permet d'ouvrir des portes, c'est-à-dire que s'il est au-dessus de 4, on va interroger notre patient dessus. Mais c'est pas parce que l'IBD-DISC dit que la fatigue est élevée que c'est forcément un syndrome de fatigue chronique, et donc c'est pour ça que ton interrogatoire, il est drôlement important. Donc l'IBD-DISC, il te sert vraiment à... dépister quelque chose que tu vas aller rechercher, pour lequel tu vas creuser. Donc tu vas interroger ton patient et si tu retrouves à l'interrogatoire une fatiguabilité au réveil, des symptômes associés et une non-récupération à l'effort, là tu vas creuser et tu vas te poser la question du syndrome de fatigue chronique. Quand tu es face à un syndrome de fatigue chronique, la première chose, c'est de rechercher une cause médicale. C'est ce qu'on sait faire, et donc on va commencer par ça. Il est crucial, du coup, de faire ce bilan. Le bilan, il y a des choses qu'on fait déjà de manière régulière pour nos patients qui ont des maladies inflammatoires, c'est-à-dire un bilan biologique de débrouillage avec la recherche d'un syndrome inflammatoire, un bilan glycémique, un bilan hépatique, une TSH, une sérologie VIH. Ensuite, on va compléter ce bilan par des taux sanguins de CPK, les LDH, l'électrophoresse des protéines sériques, des sérologies virales, la syphilis, le BV, le CMV. On va également faire un bilan carentiel, rechercher des carences en micronutriments. Si ce bilan revient normal, peut se poser la question de faire un scanner, thoraco-abdominopelvien, parce que l'altération de l'état général peut être un signe d'une pathologie autre, et en particulier de pathologie tumorale. Et puis enfin, on creuse toujours, toujours, toujours, les causes médicamenteuses qu'il ne faut pas oublier. Donc on recherche les entalgiques, les bétabloquants, les consommations de toxiques, et même la phytothérapie, puisqu'on sait que le mylpertuis peut occasionner de la fatigue chronique. Et puis, bien sûr, on n'oublie pas les pathologies associées aux maladies inflammatoires. Si ce bilan revient négatif, on peut aussi se poser la question d'un diagnostic psychiatrique de dépression ou d'anxiété, parce qu'on sait que c'est fréquemment associé à de la fatigue chronique et que c'est difficile de faire la part des choses entre le ou la poule, c'est-à-dire, est-ce que la dépression est à l'origine de la fatigue chronique ou est-ce que la fatigue chronique est à l'origine de la dépression ? Et ça reste très débattu. Malgré tout, quoi qu'il arrive, il faut le prendre en charge, le diagnostic psychiatrique, il faut aller le rechercher et le traiter. [00:07:10] Speaker B: Et tu trouves que c'est pas... En fait, c'est quand même un problème important parce que si t'as une dépression vraiment avérée, le traitement antidépresseur, peut améliorer le syndrome de fatigue chronique. Mais d'un autre côté, on sait aussi que quand t'as une fatigue chronique, t'as une augmentation du stress perçu, de l'anxiété, de la dépression. Donc je trouve que moi, c'est... [00:07:29] Speaker A: C'est très difficile de faire la part des choses. [00:07:31] Speaker B: Et toi, tu prescris des traitements antidépresseurs ou pas ? [00:07:33] Speaker A: Non. Moi, ce que je fais, c'est que j'oriente mon patient vers quelqu'un qui sait faire ça, vers le psychiatre. Je pense que c'est indispensable. C'est à lui de faire la part des choses. C'est pas mon... C'est pas mon cœur de métier. C'est pas là où je suis expert. Et donc, je renvoie vers l'expert qui. [00:07:45] Speaker B: Donc on est d'accord, toi tu essaies de détecter l'anxiété, dépression, voire par exemple par un score HADS et puis s'il y a anxiété, dépression, tu ne veux pas savoir si c'est la cause ou la conséquence et tu l'envoies vers le psychiatre pour induire un traitement éventuellement. [00:07:58] Speaker A: Exactement, je pense qu'en fait chacun fait ce qu'il doit faire le mieux, c'est-à-dire ce qu'il fait souvent. [00:08:03] Speaker B: Ok, ça marche. [00:08:05] Speaker A: Donc voilà, on recherche ces causes médicales, on se pose la question du diagnostic psychiatrique, et puis il faut quand même être honnête, après avoir fait tout ce bilan, dans 90% des cas, on ne retrouve pas de cause particulière. Notre bilan médical ne retrouve pas d'éthiologie à cette fatigue chronique, puisque dans 90% des cas, elle est fonctionnelle ou idiopathique. À ce stade, les personnes qui iront mieux sont celles qui ne cherchent plus une cause précise, mais qui décident de trouver une solution pour vivre avec leurs symptômes et puis changer leurs comportements, les facteurs environnementaux, pour pouvoir essayer d'aller mieux dans le quotidien. Même si cette fatigue chronique est fonctionnelle, c'est important d'en comprendre les mécanismes, c'est indispensable. Donc face à une fatigue prolongée ou chronique et au manque d'énergie sans cause médicale retrouvée, malgré la biologie, les radiologies, etc., on admet que c'est en rapport avec différents mécanismes et principalement un état d'inflammation de bas grade. [00:09:02] Speaker B: OK. Tiens, justement là, tu me parles d'un terme, cette inflammation de Bagrade. Donc OK, tu me dis que c'est un facteur causal de cette fatigue idiopathique, mais on en entend parler beaucoup maintenant et notamment de prévenir cette inflammation de Bagrade parce qu'elle est responsable de beaucoup de maladies civilisations. Mais c'est quoi exactement ? Ça vient d'où cette inflammation de Bagrade ? [00:09:22] Speaker A: Cette inflammation vient principalement de nos comportements et de notre environnement alimentaire, de l'hyperstress, avec une augmentation du stress perçu. Elle vient aussi de la sédentarité, du manque d'activité physique et souvent un manque de sommeil. Le stress, il agit via deux axes principalement, l'axe neurovégétatif et l'axe neuroendocrinien. Et donc, on voit apparaître une dysautonomie au niveau du système nerveux autonome et un dérèglement hypothalamo-hypophysaire surrénalien. Il intervient aussi suite à des causes comportementales et environnementales et en particulier des règlements du microbiote avec une baisse de l'immunotolérance et une augmentation de la perméabilité intestinale. On peut noter aussi qu'une augmentation du tissu adipeux favorise cette inflammation de Bagrade. Donc finalement, c'est multifactoriel. Il y a plusieurs voies pour l'inflammation de Bagrade et ça entraîne cette fatigue, ce manque d'énergie qu'il est très important de détecter. Il va falloir les réparer et puis surtout les prévenir. [00:10:26] Speaker B: Ok, donc après, je te parlerai de comment on envisage de les réparer et donc de traiter cette fatigue chronique. Mais finalement, pour la prévenir, et ça peut être intéressant quand même pour nos Mickey, parce que même s'il nous parle pas de fatigue, on peut se dire que ça peut arriver. Donc on va vouloir prévenir cette inflammation de bas grade. Et tu fais comment ? [00:10:45] Speaker A: Alors moi je suis tout à fait d'accord avec toi, finalement la prévention c'est ce qu'il y a de plus important. L'objectif c'est d'anticiper chez nos patients l'apparition de ces syndromes de fatigue chronique et d'essayer de les éviter. Donc pour les prévenir, c'est avant tout des règles d'hygiène de vie simple, c'est-à-dire les règles alimentaires de base, mâcher, augmenter sa consommation de fibres, d'acides gras polyinsaturés, il faut supprimer bien sûr les aliments ultra transformés, les graisses saturées, les sucres et les toxiques. Il va falloir également corriger les éventuelles carences en micronutriments. C'est pour ça que, régulièrement, on fait les bilans pour rechercher les carences martiales, les carences en B12, etc. chez nos patients. Il va falloir lutter contre la sédentarité. Et ça, l'activité physique, on essaie de leur en parler le plus souvent possible. On va également travailler avec eux sur la régulation du stress et des émotions. Et puis enfin, on va s'interroger sur les troubles du sommeil et essayer de les réguler pour pouvoir prévenir l'apparition de ces syndromes de fatigue chronique. Donc finalement, se nourrir avec une alimentation équilibrée et maintenir son corps en activité par le mouvement, c'est des pratiques vitales que tout le monde devrait pouvoir faire et encore plus quand on a une maladie inflammatoire intestinale. C'est en veillant sur notre santé physique que nous allons augmenter notre vitalité, notre capacité de résistance aux défis, et on va renforcer comme ça notre résilience face au stress. Guillaume, tu m'as parlé de prévention, mais tu m'as dit aussi qu'il va falloir traiter. Et donc, toi, est-ce que tu peux me détailler les outils pour lutter contre cette fatigue fonctionnelle ? [00:12:15] Speaker B: OK. Alors déjà, il y a un truc à comprendre. C'est qu'il n'y a pas de traitement médicamenteux. Parce que les patients, ce qu'ils attendent, c'est devant un symptôme qu'on leur donne un médicament. Et en dehors de ce dont on a parlé tout à l'heure, qui est le cas avéré où il y a un syndrome anxio-dépressif qui est avéré, là, il y a un intérêt d'un traitement antidépresseur qui, on l'a vu, la plupart du temps, tu peux déléguer ça à un psychiatre qui sera mieux que nous. Mais sinon, Il n'y a pas de traitement médicamenteux et c'est donc vers une approche holistique qu'il faut aller. C'est-à-dire que c'est ce que je vais essayer de vous détailler. En fait, il faut qu'on soit global d'emblée. Tu peux pas te dire je vais m'occuper du corps, je vais pas m'occuper du mental. Non. T'es obligé d'avoir une démarche holistique, ce qu'on appelle du corps-esprit, où tu vas t'occuper du corps physique, du mental et de l'émotionnel. En gros, tu peux imaginer un bonhomme avec des batteries et tu vas essayer de lui recharger ces trois batteries. Alors d'abord, la recharge du corps. La recharge du corps, ça se base sur un trépied. alimentation, activité physique et sommeil. On prend le premier volet qui est la nutrition. Quelle nutrition faut conseiller ? Là-dessus, en gros, on est tous d'accord que ce soit dans le cadre des MICI, que ce soit aussi en rhumatologie, dans les maladies inflammatoires intestinales, la nutrition entre guillemets anti-inflammatoire saine, c'est le régime méditerranéen. Qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire qu'il faut limiter les sucres, les aliments ultra transformés, les céréales raffinées, les charcuteries, la viande rouge, au profit d'aliments riches en fibres. Il faut baisser cette consommation et augmenter les fibres. [00:13:50] Speaker A: Et du coup Guillaume, est-ce que tu prescris des régimes à tes patients ? [00:13:55] Speaker B: Je prescris une alimentation de qualité, comme je t'ai dit, d'accord ? Et là, tu me poses une question importante, c'est est-ce que, par exemple, dans le cadre de fatigue chronique, je vais prescrire des régimes ? Alors, je suis contre. Déjà, c'est des gens qui sont fatigués et donc qui n'ont pas tellement envie qu'on leur mette des contraintes supplémentaires. Et donc, le mot régime d'exclusion, déjà, tu pars dans le domaine des contraintes. Cependant, Certains patients peuvent bénéficier de régimes d'exclusion, notamment à la fois des protéines du blé et du lait de vache. Il y a quand même pas mal de données scientifiques, et on l'a vu au GIFOD 2024 récemment. qui soutiennent ce concept d'intolérance à ces protéines avec une hyperperméabilité intestinale, et ces protéines ont des réactions immunitaires, elles passent la barrière neuroencéphalique, et il y a notamment des effets neurologiques avec cette fameuse fatigue chronique, avec, les gens disent, un espèce de brouillard, ils fonctionnent un peu lentement, voilà. Donc, il peut y avoir de l'anxiété, comme je l'ai dit, une lenteur cognitive. Donc, ce que je veux dire, c'est que C'est régime méditerranéen pour tout, mais cette voie d'un test d'exclusion pendant, je dirais, au moins un mois sans protéines de lait de vache et de blé peut être intéressante. On a quand même quelques données scientifiques là-dessus. [00:15:16] Speaker A: On a quelques données qui restent encore à démontrer de manière plus solide. [00:15:19] Speaker B: Exactement. Mais on ne peut pas dire non plus au patient que c'est du bullshit quand il nous parle de « est-ce que je dois arrêter le blé et les détaches ? » Moi, je ne lui dis pas que c'est du bullshit. Je lui dis « voilà, en effet, il y a une piste, on peut tester, mais si vous ne voyez aucune amélioration, je ne vois aucun intérêt de vous imposer des régimes d'exclusion. Par contre, mangez bien. » Donc voilà pour la nutrition. Ensuite, le deuxième point, on va détailler bien sûr le côté mental. Mais dans le côté mental, il y a ce problème du sommeil, qui est de retrouver une rythmicité du sommeil avec un temps et une régularité. On va y revenir plus tard. Et puis le troisième volet sur le physique. C'est l'activité physique. Qu'est-ce qu'on appelle en gros activité physique ? Il y a trois points qui sont tous les trois importants et qu'il faut augmenter dans chaque cas. C'est 1. Lutter contre la sédentarité. Il ne faut pas être assis ou couché plus de 7 heures par jour. Tu calculeras, mais quand tu fais beaucoup de consultes et que tu vas au boulot en voiture et que tu manges assis, malheureusement, tu fais plus de 7 heures par jour. Les gastrontéologues ont fait partie des sédentaires souvent. Ensuite, le deuxième point, c'est la vraie activité physique pour lutter notamment contre la sarcopénie qui est plus fréquente dans les mickys et en avançant dans l'âge. Et puis le troisième point qui prend de plus en plus d'importance, c'est ce qu'on appelle la prescription verte. Il y a énormément de données scientifiques qui apparaissent maintenant en santé préventive et curative sur la nécessité de passer au moins deux heures par semaine en nature. Ça va, je suis dans les clous. [00:16:53] Speaker A: Moi, pas tout à fait. [00:16:55] Speaker B: Alors, l'élément important, c'est que là, je t'ai parlé de la recharge du corps, mais cette recharge du corps, elle est très liée au mental. Tout est lié entre sa fameuse relation corps-esprit via le stress, les émotions et notamment ce fameux axe intestin-cerveau pour lequel les gastro-entérologues, on est particulièrement sensible. Il y a en effet un effet bidirectionnel par le système nerveux autonome et comme tu l'as dit, le système neuro-endocrinien hypothalamo-hypophysaire surrénalien. Alors le deuxième A, quelle batterie il faut recharger ensuite, c'est la recharge du mental. Là, on a énormément de données scientifiques qui valident l'approche par les psychothérapies qu'on appelle de troisième vague. C'est-à-dire, ce sont des thérapies cognitivo-comportementales particulières, de type notamment le MDR, et surtout le grand concept de pleine conscience, c'est-à-dire d'optimiser tes capacités d'être en présence sur ce que tu vis à un moment donné et tes capacités d'attention. le mental se recharge par ces techniques de pleine conscience. Il y a énormément de données dans la littérature là-dessus. Ensuite, le deuxième point, qui est plus de culture générale, c'est la connaissance contre l'ignorance. C'est clairement démontré qu'en augmentant ses connaissances, on comprend mieux les choses, ça permet de limiter les peurs et de mieux résister face aux divers stress. Donc il faut développer pour les patients tous les outils de connaissance, surtout les items dont on a parlé. Le troisième point, c'est la pensée positive. La pensée positive, elle va se concentrer sur les aspects favorables de la vie Elle contribue à une meilleure gestion du stress et de votre santé mentale. Ça agit comme un équilibre face à la tendance naturelle du cerveau qui se fixe sur les éléments négatifs. On sait qu'on a été habitué à lutter contre le danger et donc on est toujours attiré beaucoup plus par le négatif. Or, il faut rétablir une balance équilibrée avec des pensées positives. Et finalement, il y a des gens qui disent qu'une des techniques la plus naturelle pour générer des pensées positives et pas s'emmerder toute la journée à se dire, allez, il faut que je pense positive, c'est cultiver l'amour de soi qui finalement est un facteur de confiance en soi. Et puis un dernier outil pour la recharge mentale, c'est le hobby énergisant qui peut tout à fait être associé à la prescription verte de deux heures dans la nature. C'est mon cas, d'aller dans mes montagnes. C'est une activité qu'on aime profondément et qui nous procure une sensation de revitalisation, de motivation et d'énergie positive. Mais on peut aimer le golf ou aller jouer au tennis ou autre chose. Alors, ensuite le troisième point, c'est les outils pour la recharge émotionnelle. On a vu le corps, l'esprit et les émotions. Eh ben oui, il faut apprendre à gérer les émotions négatives. C'est crucial. Par exemple, on sait très bien que la peur alerte sur un danger. La tristesse signale un besoin de soutien. La colère est aussi un item. Il faut comprendre Toutes ces émotions négatives, il faut apprendre à les gérer, pas se laisser envahir, submerger. C'est essentiel pour notre équilibre émotionnel. Enfin, les liens sociaux. Savoir cultiver des relations significatives est crucial pour le bien-être émotionnel. La qualité des relations compte plus que la quantité et il y a de grands bénéfices de l'altruisme. Et enfin, le rire. Le rire, c'est un remède anti-stress, ça libère des endorphines, ça renforce les relations sociales, ça chasse les pensées négatives, ça apaise l'anxiété et diminue la dépression. En riant, on cultive un état d'esprit positif, on améliore le bien-être émotionnel. Donc laissez-nous rigoler en salle d'endoscopie. Pour tout ça, là, je vous ai fait une espèce de litanie des choses à faire. Ça, c'est sûr que quand tu vois tout ce qu'il y a à faire, bonjour, on n'a pas le temps, les docteurs. Ça, c'est clair. Donc là, c'est indispensable. Vous comprenez bien par toute cette litanie que je viens de vous dire que si on n'a pas une équipe de soins autour de nous, on n'y arrivera pas. Donc, il faut non seulement une équipe de soins et puis on peut s'aider en plus du physique. Maintenant, on a plein d'outils digitaux. [00:20:53] Speaker A: C'est super Guillaume, tout ça est très très intéressant et c'est vrai que ça nous apprend beaucoup. On se rend bien compte que c'est impossible d'aborder tous ces sujets au cœur d'une consultation et que bien évidemment les outils vont être indispensables pour pouvoir pratiquer une médecine holistique avec nos patients. Donc moi je voudrais revenir avec toi sur le sujet du sommeil finalement parce que Dans les faits, pourquoi est-ce que c'est très important d'aller le rechercher, notamment en cas de fatigue chronique ? Et finalement, c'est quoi pour toi un sommeil de bonne qualité ? Est-ce que tu peux me définir ça ? Est-ce que tu peux m'éclairer ? [00:21:29] Speaker B: L'item sommeil, c'est vraiment... C'est en train de devenir un item très important, et depuis longtemps, on sait notamment dans l'RCH que les gens qui dorment moins de 5 heures, ils sont plus à risque de pousser. Donc on le sait depuis longtemps, mais c'est un truc qu'on évalue clairement pas assez. Alors, le... Mais tout simplement, c'est que le temps de sommeil, c'est indispensable à la récupération physique et mentale. Donc on comprend bien que, comme tu as dit, il faut se reposer. Dans une fatigue chronique, il faut ce temps de récupération physique et mentale par le sommeil. La limite, c'est en gros dormir, mais on va détailler ça un peu, c'est dormir 7 à 8 heures par nuit. Ça a des bienfaits pour la santé en général. On a plus d'énergie, la concentration dans la journée est meilleure. Le sommeil de bonne qualité, c'est aussi une stratégie préventive de l'anxiété et de la dépression qui sont, comme on l'a vu, des facteurs de fatigue. La majeure partie des troubles du sommeil sont liés au stress psychosocial et le trouble du sommeil devient une cause de l'anxiété. Ça, c'est une donnée nouvelle. C'est qu'en fait, le sommeil, c'est un système de récupération face à l'hyperstress. Et si tu n'as pas assez de sommeil, ton hyperstress va entraîner de l'anxiété et de la dépression. Et ce n'est pas ce qu'on pensait avant, tu sais, où avant on disait, t'es dépressif, un des symptômes de la dépression, c'est le trouble du sommeil. Finalement, on a inversé le... Oui, donc. [00:22:53] Speaker A: Finalement, de mal dormir, ça peut occasionner de la dépression. C'est ça que tu dis. [00:22:57] Speaker B: Exactement. C'est parce qu'en fait, c'est quand tu as un état d'hyperstress, tu dois récupérer. Et si tu récupères mal avec un mauvais trousse du sommeil, tu vas avoir de l'anxiété et de la dépression. [00:23:08] Speaker A: Et en plus, c'est un cercle vicieux, parce que moins tu dors, plus t'es stressé, et plus t'es stressé, moins tu dors. [00:23:12] Speaker B: Voilà, exactement. Ensuite, ça a une influence négative, le trouble du sommeil, ça a une influence négative sur le système immunitaire. C'est quand même très embêtant. Un trouble du sommeil, ça augmente l'inflammation de bas grade, avec tout ce que ça veut dire, et ce qu'on constate dans les MICI, c'est-à-dire le surpoids, l'obésité, les maladies cardiovasculaires, le cancer, les maladies mentales. Et puis qu'inversement, une bonne nuit du sommeil, ça aide à faire perdre du poids. Parce que comme on le sait bien, quand on est fatigué, on a tendance à manger des aliments à forte valeur calorique pour soi-disant maintenir à court terme notre niveau énergétique. En revanche, quand on est reposé, curieusement, on n'a pas besoin de ces calories pour être alerte. [00:23:51] Speaker A: Et finalement, aujourd'hui, tu parles de stress psychosocial, etc. Pourquoi est-ce qu'à l'échelle de la société, on a perdu le sommeil ? [00:24:00] Speaker B: En effet, c'est un truc qui, moi, m'a beaucoup interpellé quand j'ai lu ça. Il y a deux choses qui m'ont interpellé. C'est, comme je vais te le dire, le chiffre de baisse du sommeil et le fait que ce soit une maladie de notre civilisation. Alors, le premier point, c'est qu'on a constaté en France que c'était bien installé, la dette de sommeil, puisqu'il y a eu une enquête en 2009 qui a montré qu'on dormait, il y a environ un siècle, 1h30 de plus que maintenant. On a perdu 1h30 de sommeil en un siècle. Et que la moyenne actuelle est d'un peu moins de 7h de sommeil par nuit. Donc on voit qu'on est passé sous la barre des 7 à 8h. Alors pourquoi ? C'est clairement, on le pense, lié à la majoration du stress perçu, ce qu'on appelle ce stress psychosocial, qui a entraîné à la fois une baisse de la qualité et de ce fameux triptyque du sommeil. On a perdu de la régularité mais aussi la durée et la qualité du sommeil. Le deuxième point que je voulais voir avec toi, c'est que Cette altération du sommeil, c'est finalement une maladie de civilisation, comme l'émiti. Avec la lumière du soir pas naturelle, le sport le soir qu'on fait après une grosse journée de boulot, la digestion tardive le soir qui augmente notre température et qui relâche notre horloge interne, en plus, donc avec toutes ces activités le soir stimulantes, on perd de la régularité au coucher, et donc de la même chose, la régularité pour le lever le matin. Donc finalement, pour corriger ça, la part de l'environnement et de la connexion à la nature dans la qualité du sommeil sont primordiaux. En plus, dans le cadre des MICI, on sait très bien que le sommeil peut être aggravé encore plus à cause des symptômes de la MICI, c'est-à-dire les selles nocturnes avec les réveils nocturnes, les douleurs, et que même, on constate que même chez des patients qui ont une MICI qui est sainte, ils ont très fréquemment des troubles du sommeil. [00:26:00] Speaker A: Est-ce que tu utilises des outils pour mesurer, pour réfléchir à la qualité du sommeil, à la quantité, etc. ? Est-ce que toi tu fais faire ça à tes patients ? [00:26:08] Speaker B: Alors écoute, bon d'abord moi j'identifie là aussi le sommeil Je t'ai dit que je m'occupais de l'IBD-DISC pour tous les items de qualité de vie. Je m'en occupe un peu pour le sommeil, parce que dans l'IBD-DISC, la qualité du sommeil est évaluée de 0 à 10. Mais moi, à titre personnel, je demande aux gens quelle est leur durée de sommeil, en moyenne. C'est-à-dire, je leur demande de me dire et d'évaluer, de réfléchir à la prochaine consultation l'item sommeil, combien d'heures ils dorment par nuit. Est-ce qu'il y a des réveils nocturnes ? Est-ce qu'ils se réveillent reposés ? Est-ce qu'ils ont l'impression d'avoir une qualité et une régularité du sommeil ? Donc ça c'est un item que j'évalue bien au-delà de l'IBD-10. On disait avant que l'IBD-10, enfin moi je l'utilise beaucoup pour les autres, mais pour le sommeil j'ai une vraie idée des indiques. J'ai de plus en plus de patients. J'envoie très peu aux polysomnographies. Quand j'objective un trouble du sommeil et que je ne réussis pas à le faire réguler, je l'envoie voir un médecin du sommeil. de plus en plus de malades sont connectés avec leurs montres et maintenant j'ai plein de malades qui viennent me voir en consultation. Ils disent voilà mon temps moyen il est de 5h30, j'ai 1 VRU nocturne, j'ai 14 apnées par heure. Enfin je sais pas si t'en as eu des patients comme ça mais... Oui. [00:27:34] Speaker A: Avec les montres de sport aussi, tous ces trucs là on les a. Je suis d'accord. On a déjà plein d'informations. Et est-ce que tu leur proposes des choses ? — Des thérapeutiques ? [00:27:43] Speaker B: — Ouais. Alors écoute, en gros, je discute avec les patients qui m'évoquent des troubles du sommeil, je leur discute des indicateurs clés pour un sommeil de qualité. Et ça, on a quand même un groupe d'experts américains, le National Sleep Foundation, qui a publié des indications clés pour un sommeil de qualité. Donc la principale règle, C'est la qualité du sommeil qui dépend de la durée du sommeil mais surtout de la régularité. Il faut environ 16 à 17 heures de veille suivant les individus pour avoir une pression de sommeil d'endormissement. Il ne faut pas se coucher avant d'avoir eu au moins 16 à 17 heures de veille. C'est une régularité qui prime et l'horaire de lever fixe. justement même on doit avoir la même heure de lever grosso modo en semaine et en week-end c'est ça qui va conditionner l'heure d'aller se coucher après cette fameuse charge de veille qui est de 16 à 17 heures et il est recommandé de se coucher assez tôt entre 22h30 et minuit et de façon régulièrement j'insiste beaucoup sur l'impact des écrans il faut éviter les écrans 30 minutes avant d'aller se coucher éviter les toxiques, l'alcool, le tabac et la caféine après 14 heures. Et le fait de manger juste avant de se coucher, on sait que c'est pas bon pour le sommeil, on sait que c'est pas bon pour le reflux. Et que l'activité physique régulière, elle doit être plutôt en fonction du rythme nictéméral, circadien, le matin plutôt que le soir. Voilà les conseils que je leur donne. [00:29:13] Speaker A: Et puis ça peut nous servir à nous aussi. [00:29:15] Speaker B: Je crois qu'on essaie de se les appliquer. Alors Stéphanie, pour conclure, ce podcast qui est quand même très chargé, qui nous a un peu fatigués, on va devoir avoir une petite phase de repos. Finalement, c'est quoi les trois points forts que tu me recommandes ? [00:29:30] Speaker A: Alors la première chose, c'est qu'il faut aller rechercher la fatigue chronique quand on suit un patient qui a une maladie inflammatoire. Et on a vu que la fatigue chronique, ce n'était pas la même chose que la fatigue comme quand toi tu es arrivé tout à l'heure. Il faut également réaliser un bilan éthiologique complet pour éliminer une cause organique, même si ce bilan reviendra positif que dans 10% des cas, et que enfin, en cas de fatigue fonctionnelle, de syndrome de fatigue chronique, une prise en charge holistique, comme tu nous l'as bien détaillé, qui comprendra le bien-être physique, nutrition, activité physique, le bien-être mental et le bien-être émotionnel, doit être proposée. les troubles du sommeil doivent bénéficier d'une attention toute particulière parce qu'en fait on sait que déjà en améliorant les troubles du sommeil on améliorera beaucoup de choses. [00:30:18] Speaker B: C'est que quand on parle de prise en charge holistique, ça veut dire transdisciplinaire. On ne peut pas s'en occuper tout seul. Donc il nous faut une équipe de soins. Et moi, j'aime bien ce mélange digital, physique. Je pense qu'il faut mettre tous les moyens ensemble pour avoir cette prise en charge globale. [00:30:37] Speaker A: Je suis 100% d'accord avec toi. On ne peut pas faire ça tout seul. [00:30:40] Speaker B: Voilà. Merci beaucoup Stéphanie. [00:30:42] Speaker A: Merci à toi Guillaume. A bientôt. A bientôt. C'était les podcasts Gastroenterologie, présentés par Johnson & Johnson. A très bientôt pour de nouvelles discussions autour de la prise en charge des mickeys.

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